Disparition d'Elisabeth Couturier
Détails de l'événement
C’est avec une douleur augmentée de la soudaineté que le Conseil Scientifique et Culturel des ACA a appris la disparition d’Elisabeth Couturier le 19 septembre. Si Elisabeth comptait parmi les
Détails de l'événement
C’est avec une douleur augmentée de la soudaineté que le Conseil Scientifique et Culturel des ACA a appris la disparition d’Elisabeth Couturier le 19 septembre. Si Elisabeth comptait parmi les membres les plus fidèles de nos séances, en la qualité de Présidente de la section française de l’Association Internationale des Critiques d’art (AICA-France), c’est son itinéraire professionnel comme sa personnalité toute entière, son dynamisme partageur, son enthousiasme, que les Archives de la Critique d’art ont à saluer aujourd’hui.
La première singularité de l’engagement critique d’Elisabeth Couturier tient à son attachement à cultiver l’attention et le goût pour l’art auprès d’un public élargi : ceci par la force d’une précieuse fluidité de l’écriture et de la parole : celle d’une raconteuse, d’une témoin du monde de l’art sachant parler les choses (vues) et les gens rencontrés de manière directe et sensible. Elle a cultivé au gré de quelques cinquante années de travail la plus grande diversité des mediums que la critique sait investir. De la presse au cinéma, de la radio au cinéma en passant par la télévision, elle a renouvelé sans cesse sa voix critique en traversant les écritures. Reporter, chroniqueuse, productrice, dans la vitesse des périodiques de la « grande presse », de la presse spécialisée, ou dans le temps long du livre, elle a entretenu le rapport au travail des artistes en réinventant ses supports, en initiant la ligne éditoriale d’émissions et de programmes, en faisant de sa signature un engagement à se tenir contemporaine et familière de la vie du monde de l’art et de ses acteurs. Elle incarne, je crois, une dimension existentielle de la critique, quand elle répond à une volonté de sensibilisation, de partage : ce travail parfois dédaigné comme vulgarisation, que j’entends pour ma part au contraire comme un honneur de la critique, en tous cas quand il est le fruit d’un travail nourri d’une expérience directe et sincère des choses de l’art comme d’une connaissance des enjeux de l’art et de la culture.
C’est cette même sincérité, soutenue par le dynamisme de sa personne qui en a fait une figure respectée au sein d’une société artistique fragmentée. À travers et au-delà de toutes ses expériences et postures, elle a avant tout nourri une attitude d’autrice de la critique, consciente devant l’histoire des idées et responsable face aux pratiques professionnelles de la critique. Aussi, en plus de la lire et de l’écouter, il est important ici de souligner son engagement confraternel. Ainsi de sa contribution à l’AICA, membre fidèle et de longue date de l’association avant qu’elle engage le travail considérable accompli en réunissant autour d’elle au cours de ses deux mandats de Présidence (2018-2024) une équipe remarquablement ouverte, à son image.
On sait comment le projet même des Archives de la Critique a trouvé son terreau il y a plus de trente ans dans le collectif international qu’est l’AICA, toujours part aujourd’hui dans le triptyque institutionnel qu’elle constitue avec l’Université Rennes 2 et l’INHA. La section française, par son importance et sa proximité, n’est pas le moindre des ancrages professionnels comme institutionnels des ACA. Elisabeth Couturier a entretenu cet engagement, attentive aux activités et aux questionnements intellectuels et institutionnels des Archives, mais aussi en veillant volontiers à sensibiliser cette fois confrères et collègues à l’inscription historique de la critique et à son éthique intellectuelle.
Christophe Domino, président du Conseil scientifique et culturel des Archives de la critique d’art
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Date / Heure
27 septembre 2024 6 h 11 min - 26 octobre 2024 6 h 11 min(GMT+00:00)