Documenter, recréer... Mémoires et transmissions des oeuvres performatives et chorégraphiques contemporaines

22mars15 h 55 min15 h 55 minDocumenter, recréer... Mémoires et transmissions des oeuvres performatives et chorégraphiques contemporaines

Détails de l'événement

du 2 au 4 mai 2013

Salle Fernand-Seguin, Cinémathèque québécoise
335, boul. De Maisonneuve Est, Montréal

Un partenariat de la Fondation Jean-Pierre Perreault et de l’Institut du patrimoine de l’Université du Québec à Montréal

Quelles mémoires et quelles formes de transmission pour les oeuvres performatives et chorégraphiques contemporaines ? Cette interrogation soulève depuis quelques années de vifs débats, parfois des polémiques, tant sur les plans théoriques, artistiques, méthodologiques, institutionnels, juridiques que politiques. Pratiques artistiques éphémères, multidisciplinaires, engageant le corps, réalisées dans la perspective d’un rapport à un public, la danse contemporaine et la performance semblent requérir des modes singuliers de mémoires et de transmissions, procédant à la fois de l’archive (des transmissions par l’intermédiaire de traces et de documents) et de la mémoire orale et corporelle (des transmissions directes, d’un corps à un autre, basées sur l’oralité). Ce double registre explique en partie pourquoi, jusque récemment, la danse contemporaine comme la performance ont échappé aux institutions patrimoniales traditionnelles qui reposent essentiellement sur des conceptions archivistiques, documentaires et matérielles du patrimoine.
Deux axes seront privilégiés, la documentation et la reprise, non pour les envisager comme des étapes ou des modalités différentes ou consécutives de la transmission (l’archive d’un côté et le live de l’autre), mais pour penser leurs liens étroits, leur enchevêtrement dans l’entreprise de transmission.
Plusieurs théoriciens des performance studies et de la danse contemporaine ont récemment insisté sur l’importance de réarticuler l’archive et le vivant, la documentation et la reprise parlant, entre autres, du reenactment en termes de « volonté d’archive » (André Lepecki) ou de « contre-mémoire » et de « redocumention » (Rebecca Schneider). Les notations, les partitions et les scripts d’oeuvres performatives et chorégraphiques suscitent un intérêt accru, plusieurs publications et expositions leur ayant été récemment consacrées (Laurence Louppe, Liz Kotz, Simon Hecquet et Sabine Prokhoris). Quant aux documents et aux archives, ils ne sont plus seulement pensés en tant que traces, mais aussi en tant que scripts permettant de réactualiser les oeuvres dont ils sont issus, ce glissement suscitant de nouvelles herméneutiques de la documentation.
Si sur le plan théorique l’articulation de l’archive et de la reprise, de la documentation et du live pose de moins en moins de problèmes, malgré quelques résistances, à un niveau pragmatique, elle est plus difficile à instaurer car elle exige une mutation des pratiques institutionnelles voire l’invention d’infrastructures. La création de formes institutionnelles nouvelles, bien souvent à l’initiative des
artistes, la Foundation for Preservation of Performance Art que Marina Abramović a imaginée pour « préserver l’héritage intellectuel et spirituel de l’art de la performance des années 1970 au futur », l’anti-musée que constitue le Musée de la danse de Boris Charmatz à Rennes, les fondations issues des compagnies chorégraphiques (Carnets Bagouet, Foundation Merce Cunningham, Fondation  Jean-Pierre Perreault, etc.) démontrent que cette mutation est déjà bien amorcée. Des institutions traditionnellement consacrées à la culture matérielle, comme les musées d’art, créent des départements dédiés aux arts vivants et se lancent dans des entreprises d’exposition et de réactualisation d’oeuvres performatives et
chorégraphiques historiques, accompagnées d’ateliers de réflexion et de colloques.
Ce sont ces mutations que les participants aux journées d’étude s’attacheront à saisir, autour de six thèmes : Recréer le live ; Les espaces photographiques et filmiques ; Activer l’archive ; Construire l’archive ; Oralités : la transmission directe ; Écrire les histoires des arts vivants.

Jeudi 2 mai

  • 9 h 30 Accueil et café à la Cinémathèque québécoise
  • 9 h 45 Anne Bénichou et Marc Boivin
  • Recréer le live. Reprises, reconstructions, adaptations, reenactments, recréations, reperformances, etc. Cette prolifération lexicale est-elle le signe d’une divergence de conceptions et d’approches ? Quelles relations aux oeuvres dites originales ces termes induisent-ils ? Comment penser les écarts, les différences entre les itérations d’une même oeuvre? Comment s’exercent les prérogatives des « auteurs » et des « acteurs » dans les entreprises de reprise?
  • 10 h Ginelle Chagnon, répétitrice, Montréal
    Joe, le parcours d’une oeuvre chorégraphique
  • 10 h 30 Marie de Brugerolle, commissaire et professeure, École nationale supérieure des beaux-arts de Lyon
    Le même, mais un autre, reprise, remake, reenactement, restaging, rewinding?
  • 11 h PAUSE
  • 11 h 30 Bertrand Clavez, professeur, Université de Rennes 2
    Les recréations récréatives de quelques actions Fluxus
  • 12 h Discussion animée par Patrice Loubier, professeur, UQAM
  • Les espaces photographiques et filmiques. Les photographies et les films de danse et de performance sont-ils des documents à valeur testimoniale, participent-ils du fonctionnement esthétique des oeuvres, ou faut-il les envisager comme des documents performatifs, instaurateurs d’oeuvres
    nouvelles? Comment ces représentations traduisent-elles la temporalité et la corporéité propres aux oeuvres chorégraphiques et performatives ?
  • 14 h Jessica Santone, independent researcher, Chicago
    Performance Documentation as Feedback Loop and Adrian Piper’s Yogic Diet
  • 14 h 30 Jacques Perron, doctorant, UQAM
    Le document à l’oeuvre ou l’écriture de soi. One Year Performance 1980-1981, Tehching Hsieh
  • 15 h Mario Côté, artiste et professeur, UQAM
    Recréation et remédiatisation : deux oeuvres chorégraphiques filmées (avec la projection d’extraits de films)
  • 15 h 45 PAUSE
  • 16 h 15 Babette Mangolte, filmmaker and professor, University of California, San Diego
    Conceptualizing Time in Performance Art: A Filmmaker’s Perspective (with screening of films
    excerpts)
  • 17 h Discussion animée par Suzanne Paquet, professeure, Université de Montréal
     

Vendredi 3 mai
 

  • Activer l’archive. La documentation peut-elle tenir lieu de script pour recréer des oeuvres performatives et chorégraphiques ou d’embrayeur pour en créer de nouvelles? La mise en exposition des documents doit-elle contribuer à construire les récits historiographiques des oeuvres ou proposer des expériences d’ordre phénoménologique? Est-elle une forme d’activation de l’archive ?
  • 10 h Céline Roux, chargée de projet, Musée de la danse, Rennes
    Le Musée de la danse : l’archive comme principe(s) actif(s) et critique(s) de création
  • 10 h 30 Anne Bénichou, professeure, UQAM
    Créer des oeuvres avec des restes : la fabrique des Vexations de Rober Racine
  • 11 h PAUSE
  • 11 h 30 Ming Tiampo, curator and professor, Carleton University, Ottawa
    To Recapture the Light of a Star: Exhibiting Gutai at the Guggenheim
  • 12 h Discussion animée par Marie-Josée Jean, directrice, Vox Centre de l’image contemporaine, Montréal
  • 12 h 30 – 14 h PAUSE-REPAS
  • Construire l’archive. Comment les fonds d’archives relatifs aux pratiques chorégraphiques et performatives sont-ils constitués? Par qui? Dans quelles institutions les « domicilier », les Archives, les musées, les fondations d’artistes et de chorégraphes, selon quelles catégorisations? Les
    acquisitions récentes d’oeuvres live participent-elles de l’émergence d’un patrimoine immatériel ou d’une « archive vivante » au sein des institutions dédiées à la préservation de la culture matérielle ?
  • 14 h Marc Boivin, danseur, et Theresa Rowat, directrice du Service des archives, McGill University
    L’oeuvre de Jean-Pierre Perreault, un cas de figure pour le patrimoine chorégraphique québécois
  • 14 h 30 Sylvie Mokhtari, éditrice de Critique d’art, Archives de la critique d’art, Rennes
    Les représentations de la performance dans les Archives de la critique d’art à Rennes
  • 15 h PAUSE
  • 15 h 30 Yves Bergeron, professeur, UQAM
    Repenser la notion de patrimoine immatériel pour les musées comme lieu de conservation des oeuvres
  • 16 h Amélie Giguère, chercheure indépendante, Montréal
    Collectionner l’art de la performance selon des formes vivantes
  • 16 h 30 Elsa Bourdot, artiste et doctorante, UQAM
    L’institutionnalisation et la patrimonialisation de la performance examinées à travers le prisme des oeuvres de réactivation
  • 17 h Discussion animée par Christine Bernier, professeure, Université de Montréal
     

Samedi 4 mai

  • Oralités : la transmission directe. La transmission directe d’un danseur à un autre est traditionnellement privilégiée dans le domaine chorégraphique. Comment s’articule-t-elle aux archives et aux documents ? À quels types de projets pédagogiques donne-t-elle lieu ? Qu’en est-il des oeuvres performatives pour lesquelles non seulement les modalités de reprise ne sont pas établies, mais la pertinence même de leur réitération est souvent contestée ?
  • 10 h Isabelle Poirier, répétitrice et adjointe à la direction artistique, Compagnie Marie Chouinard, Montréal
    Transmettre le répertoire de Marie Chouinard
  • 10 h 30 Michèle Rust, directrice, Centre chorégraphique de la ville de Strasbourg
    Reprise d’une oeuvre : une incarnation à rejouer
  • 11 h PAUSE
  • 11 h 30 Flutura Preka et Besnik Haxhillari (Les Deux Gullivers), artistes et doctorants, UQAM
    The Two Gullivers & Marina Abramović : récit d’une transmission vivante en performance
  • 12 h Discussion animée par Marie Beaulieu, professeure, UQAM
    12 h 30 – 14 h PAUSE-REPAS
  • Écrire les histoires des arts vivants. Quels sont les défis propres aux écritures des histoires de la performance et de la danse contemporaines ? Comment les historiens d’art négocient-ils avec la nature éphémère et évènementielle des oeuvres, les impératifs de « coprésence » du performeur et du spectateur ? Quels récits historiques les artistes produisent-ils au sein même de leur création ?
  • 14 h Amelia Jones, professor, McGill University, Montreal
    Yearning for Presence: The Live Body in History
  • 14 h 30 Noémie Solomon, Postdoctoral Fellow, McGill University, Montreal
    How Can Movement Make History? Merce Cunningham and the Experimental Choreographic Field
  • 15 h PAUSE
  • 15 h 30 Isabelle Launay, professeure, Université de Paris 8
    Voler-copier-citer-créer une danse, modalités et enjeux de la copie dans l’oeuvre de Latifa Laâbissi (avec projection d’extraits de films)
  • 16 h 15 Discussion animée par Catherine Lavoie-Marcus, chorégraphe et doctorante, UQAM

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Date / Heure

(Vendredi) 15 h 55 min - 15 h 55 min