Christian Boltanski

Christian Boltanski (1944-2021)

La disparition de Christian Boltanski fait plus que jamais mesurer combien il marque le paysage de l’art français et au-delà d’une présence continue et forte, avec son univers nourri de mémoire, collective et individuelle, ancrée dans l’histoire (en particulier de la Shoah) comme dans la fiction. Installations, photographies, sculptures, films, écrits, archives et nomenclatures, livres (dès 1969, que suivent dans les fonds des ACA parmi bien d’autres Six souvenirs de jeunesse de Christian Boltanski [1971, Paris, Galerie Sonnabend] ou Inventaire des objets ayant appartenu à une femme de Bois- Colombes [1974, Paris, CNAC]) sont traversés par l’autobiographie pour mieux mener à une attention sensible aux fondements existentiels qui sait combiner burlesque et tragique.

Christian Boltanski a aussi été au fil du temps l’interlocuteur de nombre de figures de la scène de la critique, au travers en particulier entretiens et interviews, et bien sûr des catalogues d’exposition jusqu’à Faire son temps, celui de la grande exposition monographique que lui a consacré le Centre Pompidou en 2019.
Pierre Restany fut l’un de ceux-là, qui reçut en octobre 1969 un courrier contenant une mèche de cheveux annoncés comme authentiquement ceux de l’artiste —mais l’autofiction saurait bien se passer d’authenticité, et le message n’en perdrait pas pour autant en charge affective. [Lettre de Christian Boltanski à Pierre Restany]

Christophe Domino
Président du Conseil scientifique et culturel des Archives de la critique d’art

© Christian Boltanski (1989), photographie : Brigitte Bauer, fonds Alain Macaire, INHA – collection Archives de la critique d’art.