Marynet J

14fév(fév 14)12 h 31 min31mai(mai 31)23 h 00 minMarynet JTRAVERSES | Lauréate 2023

Détails de l'événement

TRAVERSES
Dispositif de soutien à la critique d’art
Marynet J | Lauréate 2023

Aide proposée par l’Institut français, en partenariat avec le ministère de la Culture – Direction générale de la création artistique et les Archives de la critique d’art

Résultat de Jury

TRAVERSES a pour objet de soutenir la production, la publication et la diffusion d’un essai critique portant sur une actualité internationale dans le domaine de l’art contemporain. Ce dispositif signifie l’originalité de tous ces sentiers qui appartiennent au domaine du sensible et qui relient l’art visuel à l’écrit. Il propose un chemin de traverse pour arriver plus vite depuis la création à la publication et à la diffusion de l’écriture critique.
Le jury du 10 février 2023 a attribué l’aide financière TRAVERSES à Marynet J pour son projet « On s’arrêtera quand la terre rugira : les artistes de l’est congolais face aux urgences socio-environnementales causées par les extractions ».

Marynet J est la huitième lauréate de l’aide à l’écriture et à la publication d’un essai critique, mise en place en 2015.
Afin de soutenir la production intellectuelle innovante et engagée dans le domaine de la critique d’art, cette aide permet à de jeunes auteurs, français ou vivant en France depuis au moins cinq ans, arrivés à un stade de première reconnaissance professionnelle, de visiter une ou plusieurs manifestations dans le champ de l’art contemporain à l’étranger, de publier et de diffuser l’essai critique qui résultera de ce voyage.

Marynet J est doctorante en arts au Centre Norbert Elias, en CIFRE avec l’association Solidarité Laïque. Elle est également critique d’art, commissaire d’expositions, et membre co-fondatrice du collectif Eaux Fortes. Sa recherche de doctorat, qu’elle signe sous le nom M. Jeannerod, porte sur les artistes et collectifs qui dénoncent les conséquences de l’extractivisme des ressources sur le continent africain.
Installée depuis plusieurs années à Dakar au Sénégal, elle a travaillé pour The Art Momentum et IAM Magazine, revues spécialisées sur les scènes féministes et engagées du continent africain. Elle publie régulièrement des articles et des essais pour des catalogues et revues d’art contemporain (Carnets de la création, Kinshasa Chroniques, The Sole Adventurer) ainsi que pour des revues à comités de lecture (Multitudes, Revue Hermès, INAthèque, RadaR essai-critique). Avec Eaux Fortes, collectif artistique pluridisciplinaire écoféministe et décolonial, elle a été co-commissaire des expositions Maison de Force à Strasbourg (2020), Born Again, Raised By You à Clichy et Taxalé à Dakar (2022). Pour la Biennale de Dakar OFF 2022, elle présente également l’exposition Ces mots qui blessent avec Solidarité Laïque. Aux côtés de l’artiste Cléophée R. F. Moser, et des artistes de Eaux Fortes, elle réfléchit aux pratiques curatoriales non-extractives qui défendent une dimension sensible et contextualisée des œuvres, en proposant aux visiteurices des scénographiques immersives. En 2023 elle publiera « Ghizlane Sahli – Ça vient du ventre » aux Carnets de la création, et « Eaux Fortes, un estuaire », dans la revue Multitudes (Icônes n°90).

Le projet de Marynet J, intitulé « On s’arrêtera quand la terre rugira : les artistes de l’est congolais face aux urgences socio-environnementales causées par les extractions » s’appuiera sur la riche production de savoirs produits depuis deux ans par les artistes et les chercheur.euse.s de la Biennale de Lubumbashi et des centres d’arts lushois, dont le travail porte sur la « Toxicité », observée à la fois à travers les rejets industriels polluants et comme mépris des corps dans le processus d’exploitation et d’extractions des minerais métalliques nécessaires au développement des technologies sur lesquelles reposent les espoirs de transition écologique de l’Occident. Cette « survivances des destructions impérialistes et capitalistes » fait du Haut-Katanga « une partie intrinsèque des récits anthropocéniques africains et globaux » (De Boeck, 2021). Poussières de cobalt nocive, uranium dans le sang, coulées acides dans les cours d’eau ; la toxicité vue depuis le Katanga a beaucoup à dire sur ce monde dont le modèle de développement est dépendant des métaux (SystExt, 2021). Les artistes de cette région, « filles et fils de la Gécamines » peuvent aisément en témoigner et se chargent, dans leurs œuvres de faire savoir au public ce que creuser la terre pour en remonter ses précieux sédiments peut avoir d’offensant pour les ancêtres et les vivants. A partir de ces savoirs situés, il s’agira de déplacer le regard sur le contexte du Nord-Kivu, région également concernée par cette « Toxicité » sous des formes différentes mais liées aux mêmes causes. Il s’agira de documenter la résidence de l’artiste Precy Numbi, artiste performeur écofuturiste et militant, à Goma. Dans ses travaux autour des robot-sapiens « Kimbalambala », Precy se joue de la représentation du robot comme synonyme de progrès technologiques, en réalisant des costumes composés d’une autre ressource qui se trouve massivement dans la région : les déchets automobiles et électronique rapiécées. Lorsqu’il parle de véhicule, Precy entend surtout parler de conduite, et plus précisément de la « mauvaise conduite » des gouvernements qui font passer les intérêts des firmes transnationales avant ceux du peuple. Precy Numbi et ses éco-héros proposent de survivre à un monde toxique en mutant.

Le texte de Marynet J sera publié en français et en anglais dans la rubrique « Essai/Essay » au sommaire du n°61 de la revue CRITIQUE D’ART : actualité de la littérature critique sur l’art contemporain = The International Review of Contemporary Art Criticism [automne/hiver 2023]

Aide attribuée par un jury composé d’historiens de l’art, de commissaires d’exposition, de critiques d’art membres de l’AICA (Association Internationale des Critiques d’Art), de représentants de l’Institut français et des Archives de la critique d’art.
⇒ Télécharger le rapport du jury

Légendes :
– Portrait de Marynet J par Cléophée R. F. Moser
– Precy Numbi, Kimbalambala en préparation avec les enfants sorciers costumés en robots cartons, Binza Ozone, Kinshasa, 12 juillet 2018. Photo : Marynet J

    

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Date / Heure

Février 14 (Mardi) 12 h 31 min - Mai 31 (Mercredi) 23 h 00 min